Géraldine Longueville
(1981. Live in Paris and Caille)
Diplômée d’un Master Fine Arts de Sandberg Institute à Amsterdam et d’un Master Histoire de l’Art de la Sorbonne Université Paris, elle poursuit actuellement une thèse en Recherche et Création au sein du programme Radian, à l’école supérieure d’art et des médias de Caen (ésam) et l'Université de Caen. Elle a travaillé dans des centres d’art contemporains franciliens (Emba Manet Gennevilliers, La Galerie Noisy-le-Sec) et à l’école nationale d’arts Paris-Cergy (ENSAPC). Depuis 2016, elle enseigne la performance et l’écriture à l’Ecole Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers (EESI).
Sa pratique artistique est transversale, mêlant écriture, chant, musique, comestible et installation. Elle se déploie à travers différentes formes de collaborations et de partage tant avec les artistes que le public. La circulation des savoirs écologiques et leurs transmissions sensorielles sur site sont au cœur de ses productions. En 2019, elle se forme aux jardins des plantes médicinales au Potager du Roi à l'École nationale supérieure du paysage à Versailles et elle suit la formation du cueilleur.euse.s Le chemin de la nature de Christophe de Hody.
Pendant une vingtaine d'années, elle a mené de nombreux projets collectifs : membre de Glassbox en 2002, elle a monté la galerie extérieure en 2005, projet d'intervention artistique dans l’espace public à Paris et aux Etats-Unis. En 2011, avec les artistes David Bersntein et Jurgis Paskevicius, elle crée le trio Jugedamos avec lequel elle réalise de nombreuses performances à Amsterdam (De Appel), New-York (Sculpture Center) ou Rome (Nomas Foundation). De retour à Paris en 2014, avec la cheffe Virginie Galan et les designers graphiques Commune, elle cofonde Black Garlic, un atelier en art et gastronomie qui organise des dîners dans des brasseries et des lieux d’arts.
Depuis 2017, elle travaille sur des projets personnels incluants des invitations collaboratives qui sont exposés au Cac Bretigny, Bétonsalon Paris, galerie gb agency Paris, Goethe Institut Nancy, Kyoto art center, galerie Jocelyn Wolff Paris et la Grande Galerie de l’esam de Caen.
Elle mène depuis 2019 une recherche sur l’amertume, goût et sentiment qui selon elle traduisent la persistance du colonialisme et la résistance à la colonialité. En collaboration avec la commissaire d’exposition Virginie Bobin, elle travaille actuellement sur les différentes modalités d’exposition de cette recherche qui seront présentées à partir de 2026 dans différents lieux en France.
Texte sur mon travail intitulé Un goût-témoin de Virginie Bobin, juillet 2024
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Extrait :
« Je suis amère en colonie, les vagues rincent toutes mes larmes... », chantes-tu de ta voix claire qui parfois se brise légèrement comme un ressac. Je repense aux amers, ces repères de navigation qui jalonnent la côté bretonne, mot qui n'a rien à voir avec l'adjectif amer ni avec le nom mer mais qui vient s'ajouter à l'écheveau des images et des correspondances suscitées par tes œuvres. Les amers guident les navigateur*ices, empêchent les navires de se briser sur les récifs, ils orientent le regard à la frontière entre terre et mer et préservent les corps. J'ai tant aimé dans ton film ces images où l'on voit le corps de ton frère Olivier et celui d’, l'ami d’Élie, regarder la mer en silence assis sur des rochers. Le premier est à Nice, le second à Ouessant, sur le littoral desquelles pousse le maceron, cette petite plante que tu as incrustée dans le mur et qui découpe sa silhouette en bas à droite de la projection. Dans la bande-son du film on entend le son de la darbouka d'Olivier et du dobro d’Élie dont joue John, avec qui tu as eu de longues conversations musicales dont le film ne dit rien. Relier : le corps des frères et des ami*es, les histoires charriées par la mer, le son des instruments qui fait vibrer l'écho de déplacements choisis ou forcés, nos transformations et nos attachements. On entend ta voix qui s'interroge : « À quel moment on ressent un autre paysage ? À quel moment la forme de notre main ressemble aux cailloux qu'on trouve par terre ? À quel moment l'iode qu'on respire transforme nos idées ? À quel moment ça devient ma parole ? » Le film s'adresse aux paysages qui manquent (ton visa refusé pour l’Algérie) autant qu'à ceux qui nous façonnent et habitent celleux qu'on aime.